Appel à communications

L’analyse du discours spécialisé (DS) constitue un champ de recherche relativement récent, qui date des années cinquante du siècle révolu. Il n’a pas cessé d’évoluer avec le foisonnement et les mutations des travaux en linguistique et en analyse du discours portant sur toutes sortes de documents spécialisés. Des recherches inscrites dans la mouvance structuraliste des années soixante qui mettent l’accent sur les vocabulaires scientifiques et techniques (Dubois, 1962 ; Greimas, 1948 ; Guilbert, 1965) à celles qui s’intéressent à la variété des discours produits dans un domaine de spécialité (Cusin-Berche, 1998, 2000 ; Moirand, 1990 ; Petit, 2010 ; Spillner, 1992), les approches théoriques et méthodologiques se révèlent multiples, voire parfois trop nuancées pour ne pas dire contradictoires.

Cette richesse dans les études fait qu’un consensus est loin d’être atteint sur le statut et les caractéristiques du DS, qui le distinguent du discours ordinaire (DO). Cette absence de consensus se manifeste dans les différents débats scientifiques, légitimes d’ailleurs, quant aux choix des « observables de l’analyse » (Moirand, 2004) et aux critères de distinction DS/DO.

Cusin-Berche (2000), entre autres, trouve que la distinction entre DS et DO n’est ni énonciative ni thématique, mais relève pour une part de la rhétorique : « le discours spécialisé a comme spécificité une relative homogénéité rhétorique, un mode de structuration de l’information qui lui est propre » et pour une part de la lexicologie (composition, affixation, abréviations, emprunts).

Cette spécificité se trouve fréquemment actualisée dans les discours premiers (Moirand, 2004), c’est-à-dire dans les discours de la science (ouvrages de référence, articles à forte teneur scientifique, communications entre experts, etc.). Mais qu’en advient-il lorsqu’il est question des discours seconds, à savoir les discours didactiques ou de vulgarisation (cours ou manuels adressés à des novices, articles de presse, sites internet spécialisés, etc.) ? Le discours spécialisé n’est plus l’apanage de la communauté scientifique : les acteurs de la communauté profane en usent fréquemment, en faisant appel à de nouveaux procédés qui s’apparentent a priori au discours ordinaire, comme la reformulation, les illustrations, les figures de rhétorique.

Personne ne peut nier que les discours seconds altèrent, de façon plus ou moins manifeste, les frontières entre DS et DO en remplaçant par exemple un terme technique par un autre plus adapté aux non-experts (la vache folle au lieu de l’encéphalopathie spongiforme bovine ; Jules Verne dans son roman Les naufragés du Jonhatan, 1909, emploie chercheur d’or à la place du terme spécialisé prospecteur, grains d’or à la place de pépites). De leur part, les discours premiers partagent certaines des propriétés du DO. Le lecteur se trouve face à un système graphique qui lui est familier, à une distribution syntaxique qui ne diffère pas de celle de la langue générale, à un système lexical (dérivation, composition des mots) à peu près conforme au système ordinaire, puisque celui-ci inclut des termes de formation savante.

Par ailleurs, la position selon laquelle le DS se distingue par la précision, l’univocité dénominative, l’économie linguistique, la neutralité du ton (Spillner, 1992) est constamment remise en cause par certains travaux qui montrent, par exemple, la subjectivité inscrite par les chercheurs dans leurs discours (Moirand, 1995 ; Mortureux, 1991) et qui contribuent à un classement des discours scientifiques (discours de recherche, discours scientifique didactique, discours scientifique politique, etc.). Le DS, de surcroît, ne manque pas d’opacité qui pose particulièrement problème aux traducteurs devant des termes polysémiques, comme en atteste l’exemple de la traduction du terme affectation en anglais et en allemand dans le domaine juridique (Lerat, 1995).

La problématique des DS et de leurs contours soulève des questionnements :

Comment la description linguistique des DS peut-elle juger du degré de leur spécialisation ? Peut-on élaborer une méthodologie type pour la description linguistique des DS ? Peut-on concevoir une théorie unifiante de leur(s) fonctionnement(s) ? D’où vient l’opacité des DS ? Quels problèmes pose la traduction des textes spécialisés ? Quelle est la visée didactique des DS ? Et comment didactiser des DS en classe de langue ?

Ce colloque international se propose d’ouvrir le débat et d’approfondir les réflexions sur les dernières études en matière d’analyse des DS, les apports des diverses analyses et approches de ce type de discours, les innovations didactiques dans la formation linguistique des DNL (Disciplines Non Linguistiques), dans le secteur LANSAD (LANgues pour Spécialistes d'Autres Disciplines) et dans les CRL (Centres de Ressources en Langues) et enfin l’exploitation des outils numériques pour le traitement des corpus spécialisés.

 

 Les contributions seront inscrites dans l’un des axes suivants :

  • Axe 1 : Description linguistique et analyse des discours spécialisés (caractéristiques typographiques,  lexicales, morphosyntaxiques, sémantiques, pragmatiques, etc.)
  • Axe 2 : Approches littéraires et stylistiques des discours spécialisés (aspect culturel, intertextualité, typologie textuelle, etc.)
  • Axe 3 : Discours spécialisés et traduction (terminologie, contenu conceptuel, phraséologie, transfert culturel, etc.)
  • Axe 4 : Discours spécialisés et didactique des langues (référentiels linguistiques pour les DNL, le secteur LANSAD et les CRL, conception des programmes, approches pédagogiques, techniques de rédaction des articles scientifiques, etc.)
  • Axe 5 : Discours spécialisés et traitement automatique (extraction des occurrences significatives, traitement lexical, collocations, figements particuliers, etc.)

 

Bibliographie sommaire

Cusin-Berche, F. (2000). Exploration des caractéristiques des langues de spécialité. La quête du Graal. La rédaction technique : actes de séminaires de Bruxelles du 24 et 25 novembre 1997 (pp. 55-73). Bruxelles : Duculot.

Jacobi, D. (1989). Reformulation et transposition dans les manuels scientifiques : Une introduction à l’analyse formelle. Les Cahiers du C.R.E.L.E.F., Les formes du savoir dans les manuels scientifiques, 28 (1-2), 7-21.

Lerat, P. (1995). Les langues spécialisées. Paris : PUF.

Moirand, S. (1990, Août-Septembre). Décrire des discours produits dans des situations professionnelles.  Le français dans le monde, Recherches et applications, Publics spécifiques et communications spécialisées, 52-62.

Moirand, S. (2004). De la médiation à la médiatisation des faits scientifiques et techniques : où en est l’analyse du discours ?. Colloque Sciences, Médias et Société, 15-17 juin 2004, Lyon, ENS-LSH, http://sciences-medias.ens-lsh.fr/article.php3?id_article=59.

Format des interventions 

Conférences plénières (30 minutes + 15 minutes de débat)

Communications scientifiques (20 minutes  + 10 minutes de débat)

Comptes rendus d’expériences (15 minutes  + 10 minutes de débat)

Communications affichées (posters)

Modalités de soumission et de participation

Les propositions de communication pourront être rédigées en français, en anglais ou en arabe. Elles comporteront, dans un fichier au format Word :

- Titre, axe choisi, nom et prénom de l’auteur (ou des co-auteurs), l’affiliation (institution, structure de recherche) et l’adresse électronique. 

- Résumé (3000 caractères maximum espaces compris), mots-clés (5 maximum), références bibliographiques essentielles (8 maximum).

Elles devront être envoyées à l’adresse électronique suivante : ds.edp.gabes2016@gmail.com

Le transport et l’hébergement sont à la charge des participants. Les frais d’inscription (60 euros / 120 DT) incluent les déjeuners, les pauses café, le programme culturel et la publication de l’article dans les actes du colloque. Le programme touristique est en extra (20 euros / 40 DT). Pour de plus amples informations, veuillez consulter la plateforme :

http://dsedp2016.sciencesconf.org/

 

Règles de soumission des textes complets

 Les textes complets doivent comporter entre 7 000 et 9 000 mots, sans compter un résumé d’une dizaine de lignes et une bibliographie à la fin du texte.

 Mise en forme du texte : Times New Roman 12, interligne 1,5, marges (droite, gauche, haut et bas) de 2,5 cm.

 Titre par niveaux comme 1., 1.1., 1.2., 2., 2.1., 2.2., etc.

 Les textes doivent être soumis au format Word.

 Les références bibliographiques doivent être citées selon les normes APA 2010.

https://www.uclouvain.be/cps/ucl/doc/bpsp/documents/Bibliographie_APA_F_13doi.pdf 

Calendrier du colloque

1er février 2016 : Lancement de l’appel à communications

15 mai 2016 : Date limite d'envoi des propositions

15 juillet 2016 : Notifications aux auteurs

15 octobre 2016 : Date limite de réception des articles

19, 20 et 21 octobre 2016 : Dates du colloque

31 janvier 2017 : Lancement de la publication des actes du colloque

Comité scientifique

Mohamed BOUATTOUR, Professeur (Directeur du LLTA, Université de Sfax, Tunisie)

Mounir TRIKI, Professeur (Université de Sfax, Tunisie)

Mohamed MILED, Professeur (Université de Carthage, Tunisie)

Abdelghani NAIT-BRAHIM, Professeur (Université d'Oran, Algérie)

Abdelouahab DAKHIA, Professeur (Université Mohamed Khider de Biskra, Algérie)

Gaouaou MANAA, Professeur (Université d’El-Hadj Lakhdar, Batna, Algérie)

Lotfi ABOUDA, MCF (Université d'Orléans, France)

Leïla MESSAOUDI, Professeur (Université Ibn Tofail, Kénitra, Maroc)

Fouzia BENZAKOUR, Professeur (Universités de Rabat, Maroc et de Sherbrooke, Canada)

Boujemaa AGORRAM, Professeur (Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc)

Sabah SELMAOUI, Professeur (Université Cadi Ayyad, Marrakech, Maroc)

Sahbi BAAZAOUI, MCF (Université de Sousse, Tunisie)

Akila SELLAMI, Professeur (Université de Sfax, Tunisie)

Othmen BEN TALEB, MCF (Université de Tunis el Manar, Tunisie)

Mourad BEN AYED, MCF (Université de Sfax, Tunisie)

Kamila SEFTA, MCF (Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3, France)

Juan Manuel LOPEZ MUŇOZ, Professeur (Université de Cadix, Espagne)

Sandrine COURCHINOUX, MCF (Université Grenoble Alpes, France)

Comité d’organisation

Saloua KAMMOUN (Coordonnatrice, ISLG, Université de Gabès)

Mohamed MSALMI (FLSH, Université de Sfax)

Fathia DAOUÈS (FLSH, Université de Sousse)

Mariem AHMED (ISLG, Université de Gabès)

Mohamed NJAH (ISLA Moknine, Université de Monastir)

Ramzi TEJ (ISLG, Université de Gabès)

Faouzi HARRATHI (ISLG, Université de Gabès)

Mohamed Bayrem BEN KHALIFA (ISSH, Université de Gabès)

Personnes connectées : 1